IUF logo; clicking here returns you to the home page.
UITA
Unit les travailleurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de l'hôtellerie du monde entier



La Birmanie sur le fil du rasoir

Inséré sur le site web de l'UITA le 27-Sep-2007

Envoyer cet article à une connaissance.

"LA BIRMANIE EST REVENUE A LA NORMALITE." – Nyan Min, ministre des affaires étrangères, lors de l'assemblée générale de l'ONU le 1er octobre. On estime que deux cent personnes, au minimum, ont été tuées par l'armée et la police lors de la répression.

La junte militaire birmane est aujourd’hui confrontée au défi le plus important depuis les manifestations générales de 1988. Le mouvement de protestation, causé par l’augmentation du prix du carburant à la mi-août s’est développé au point de rassembler plusieurs milliers de manifestants dans les rues de Rangoon et d’autres villes du pays, qui défient ouvertement la menace faite par les militaires d’avoir recours aux arrestations et à la violence. Le fait que le gouvernement n’ait pas encore eu recours à la violence ne doit pas faire croire qu’il n’en est pas capable. Deux décennies de dictature et de guerre civile n’ont entamé ni son appétit, ni son arsenal répressif. La junte qui a assassiné 3000 Birmans en 1988 n’a pas changé.

Ce qui a changé est que la Birmanie n’est plus au premier plan, éclipsée par la "guerre contre le terrorisme". Même si le régime n’est pas devenu respectable, il est parvenu à accroître les exportations de produits alimentaires et autres, obtenant ainsi de précieuses devises étrangères pour financer l’armée (tout en infligeant des conditions proches de la famine à la population birmane au moyen de réquisitions et du travail forcé). Le tourisme, en particulier en provenance des pays riches, continue à se développer, malgré les appels répétés au boycott lancées par la Ligue nationale pour la démocratie. Accor a quitté le pays – en partie grâce aux pressions syndicales – mais d’autres groupes hôteliers, dont Nikko et Orient Express, améliorent et agrandissent leurs établissements, et proposent des offres promotionnelles. Des centaines de transnationales – dont Nestlé – opèrent en Birmanie. L’ASEAN, le regroupement politique et économique des pays du Sud-Est asiatique, a fourni un soutien économique et une couverture politique à la junte. Malgré l’appel de l’OIT pour une action sur le travail forcé, le Conseil des industries de l’ameublement de l’ASEAN vient de mandater la Birmanie pour "rechercher des ressources en main d’œuvre", dans l’objectif de développer une "marque de l’ASEAN".

Le défi posé aujourd’hui à la dictature birmane offre de nombreuses possibilités d’action syndicale en défense de la lutte pour la démocratie. La condamnation, le 7 septembre dernier, de 6 militants syndicaux à des peines de prison allant jusqu’à 28 ans pour avoir organisé des activités le 1er mai souligne le rôle que jouent les travailleurs/euses birmans/es et le FTUB dans la clandestinité, dans la construction d’une opposition durable à la junte militaire. Les syndicats devraient demander à leurs gouvernements de soutenir l’appel de la CIS pour une session d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Des actions au plan national doivent également être envisagées – en commençant par tenter à nouveau de faire cesser les investissements étrangers, les échanges commerciaux et le tourisme. Une action doit être entreprise de toute urgence pour soutenir les milliers de Birmans dans les rues, en exil, assignés à demeure et dans la clandestinité, et qui risquent leur vie en luttant pour la démocratie.