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Défier l’impunité en Colombie

Inséré sur le site web de l'UITA le 13-Jun-2007

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Il se passe rarement une journée en Colombie sans qu’apparaissent de nouvelles preuves des liens entre les atrocités commises par les groupes paramilitaires et le gouvernement du président Uribe. Alors que de nouveaux charniers sont exhumés, des paramilitaires « démobilisés » protégés par le gouvernement parlent d’une formation rigoureuse et systématique dans le découpage et l’éventrement des victimes. Si la chaîne de commandement n’implique pas encore directement Uribe, un nombre suffisamment élevé de responsables de haut rang ont été identifiés pour documenter un réseau dense d’impunité dirigé depuis la présidence.

Tandis que les porte-parole du gouvernement continuent sans surprise de qualifier l’horrible violence qui sévit en Colombie comme une tragédie nationale affectant tous les secteurs de la société, un groupe en particulier a été continuellement la cible des tueurs. Les organisations syndicales de Colombie présentent un modèle d’organisation sociale fondée sur la solidarité démocratique dans une société secouée par la pauvreté, l’exclusion et la violence. Ce simple fait suffit à susciter des réactions violentes de tous les côtés dans la guerre civiles opposant plusieurs factions en Colombie. L’assassinat plus tôt cette année de Carmen Cecilia Santana Romaña, une dirigeante nationale de l’organisation syndicale agricole SINTRAINAGRO, dont les membres assurent la récolte des bananes de Colombie vendues dans les supermarchés, a porté à 435 le nombre de membres et de dirigeants/tes de cette organisation syndicale tués. Plus de 2 200 syndicalistes ont été assassinés/es entre 1991 et 2006. Le nombre de syndicalistes assassinés/es en 2006 est supérieur à celui de 2005, et dans chacune de ces deux années le nombre de syndicalistes tués/es a été supérieur au total de tous les autres pays du monde ensemble.

À peine une poignée de ces crimes ont fait l’objet d’une enquête; encore moins ont entraîné des poursuites, pour ne rien dire de condamnations. En Colombie, l’impunité est un mode de vie.

Le Service des droits de la personne de la centrale syndicale nationale CUT a récemment organisé la première réunion nationale d’appui aux victimes de la violence concentrée dirigée contre les organisations syndicales du pays et aux membres survivants de leurs familles.

À moins que les droits des victimes ne soient protégés, avertit la CUT, il ne pourra y avoir de paix, de justice ou de compensation. Les victimes de la violence antisyndicales doivent être clairement identifiées comme tel et les « auteurs intellectuels et matériels » de ces actes de violence systématiquement identifiés, poursuivis et punis. Les familles des victimes doivent recevoir une « compensation complète, équitable et effective »’ affirme la CUT, ainsi qu’une protection pleine et entière, dans le cadre d’une politique nationale.

La CUT a résolu de bâtir un réseau national de groupes syndicaux et de groupes de défense des droits humains afin d’appuyer ces revendications de base, et de rechercher un appui à leur mise en œuvre auprès du mouvement syndical international, de l’Organisation internationale du travail et du Haut commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies – deux organisations internationales parmi celles dont le gouvernement Uribe s’est continuellement moqué.

Le « Plan pour la Colombie » de l’Administration Bush fournit un soutien massif à un appareil militaire et sécuritaire dont les liens avec les forces paramilitaires font l’objet de nouvelles révélations presque chaque jour. Le Plan pour la Colombie combine l’impunité institutionnalisée et la fumigation aérienne dans une « guerre contre la drogue » qui pour les fermiers et les paysans colombiens constitue une attaque aveugle contre leurs terres et leurs moyens de subsistance. La « Loi pour la justice et la paix » du gouvernement Uribe assure l’impunité aux assassins qui ont troqué leurs treillis militaires contre des vêtements civils. Ni le Plan pour la Colombie ni la Loi n’offrent d’issues de secours aux Colombiens/nnes lassés/es par la violence.

Les propositions de la CUT, par contre, remettent en cause l’impunité qui sous-tend et appuie la poursuite du carnage. Elles ouvrent la voie à une vaste mobilisation contre la peur et la violence institutionnalisée et méritent l’appui de tous ceux et celles qui appuient la longue et difficile lutte pour la démocratie en Colombie.