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Répression Inc.: les chefs de l’armée pakistanaise ordonnent la dissolution d’un syndicat du sucre au lendemain de la création d’une fédération nationale

Inséré sur le site web de l'UITA le 06-Jun-2003

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Abdus Salam Memon, secrétaire général du Syndicat des travailleurs/euses de la sucrerie du Fonds de prévoyance de l’armée. Élu à la tête de la nouvelle fédération nationale des travailleurs/euses de l’industrie du sucre, son propre syndicat a fait l’objet

Les 17 et 18 mai dernier, les organisations syndicales de l’industrie du sucre au Pakistan se sont réunies afin de constituer la première fédération syndicale nationale du secteur, la Fédération des travailleurs/euses des sucreries du Pakistan (Pakistan Sugar Mill Workers' Federation). La fédération a été fondée avec l’appui de l’UITA, afin de mettre fin aux divisions historiques qui ont affaibli le mouvement syndical au Pakistan et de mettre en place les bases qui permettront aux travailleurs/euses du sucre de faire front commun en matière de syndicalisation et de négociation collective dans une industrie marquée par la surcapacité, la restructuration et la répression.

Le jour suivant la création de la fédération, le secrétaire général de l’une des organisations fondatrices, AWSMWU (Army Welfare Sugar Mills Workers' Union), a reçu de son patron l’ordre de dissoudre le syndicat.

Abdus Salam Memon, secrétaire général de l’AWSMWU, est rentré au travail dans la soirée du 18 sous les applaudissements de ses camarades de travail. Il a été convoqué le lendemain, avec les autres dirigeants du syndicat, à une rencontre avec le directeur général par intérim, le colonel (à la retraite) Zahinullah Khan. Ce dernier a remis aux dirigeants syndicaux une lettre du Directeur des fermes du Fonds de prévoyance de l’armée exigeant l’abolition immédiate du syndicat, sous le prétexte que la sucrerie était la seule entreprise du Fonds de prévoyance dont les employés/es étaient syndiqués/es.

Le directeur général par intérim a ensuite ordonné au syndicat – qui existe depuis que l’usine a entrepris ses activités en 1983 – de fermer ses bureaux et de mettre fin à ses activités, précisant qu’il aurait recours à la force si le syndicat refusait de se conformer à la décision. Les directeurs d’usines ont ensuite reçu l’ordre de mettre fin aux relations avec le syndicat et de cesser toutes communications avec les dirigeants/tes élus/es.

Les dirigeants/tes syndicaux/cales ont immédiatement informé les membres du syndicat de la décision de l’entreprise lors d’une assemblée générale, au cours de laquelle les membres ont condamné la décision et juré de lutter pour leurs droits collectifs. Depuis, les travailleurs/euses se sont réunis/es deux fois par jour, au début et à la fin de leur quart de travail.

La direction a déposé une plainte contre le président du syndicat et constitué une commission d’enquête interne; mesures qui s’inscrivent, selon le syndicat, dans une démarche visant à obtenir le licenciement du président et à faire pression sur les travailleurs/euses afin qu’ils/elles renoncent aux demandes syndicales déposées l’an dernier.

Le Fonds de prévoyance de l’armée, créé par l’armée pakistanaise en 1971, dispose de ressources financières, commerciales et immobilières considérables et est devenu l’un des plus puissants conglomérats du pays. Il est également engagé dans une campagne de répression contre les milliers de fermiers/ères qui cultivent les vastes domaines qu’il possède au Punjab.

Le syndicat a protesté contre ces mesures antisyndicales devant les autorités locales et mène une campagne vigoureuse au Pakistan. L’UITA a déposé une plainte devant le Comité de la liberté syndicale de l’OIT. Nous vous demandons de faire parvenir des messages de protestation à l’employeur et au ministre fédéral du Travail afin de manifester votre appui au syndicat. Le message ci-dessous peut servir de modèle.

Modèle de message de protestation au Fonds de prévoyance de l’armée


To: Lt. General (Rtd.) Masood Pervez
Managing Director
Army Welfare Trust
AWT Plaza, The Mall,
Rawalpindi, Pakistan

Fax: +92 51-9272394/+92 51-9272418

cc: Secretary of Labour
Government of Pakistan
Islamabad, Pakistan

Fax. 9251-9203462
Dear Sir:

We have been informed by the IUF that the head office of the Army Welfare Trust has issued an order to the management of Army Welfare Sugar Mills, Badin, in which the management is directed to cease recognition of the trade union at the mill, the Army Welfare Sugar Mills Workers' Union, and to forcibly stop the union's activities. The union has been in existence at the mill since 1983 and has a long-standing collective bargaining relationship with the management.

This order is in gross contravention of the rights to freedom of association and collective bargaining set out in Conventions 87 and 98 of the International labour Organisation (ILO), rights which the government of Pakistan is obliged to uphold. These Conventions have the force of international treaty law and are legally binding upon the government.

We therefore urge you to rescind this order and to ensure that the rights of the union at the Badin mill are fully restored. We shall be closely following developments in this regard.

Yours sincerely,

TRADUCTION

Lt.-Général (Ret.) Masood Pervez
Directeur général
Fonds de prévoyance de l’armée
AWT Plaza, The Mall,
Rawalpindi, Pakistan

Télécopie: +92 51-9272394/+92 51-9272418

copie à: Secrétaire au Travail
Gouvernement du Pakistan
Islamabad, Pakistan

Télécopie: 9251-9203462
Monsieur,
J’ai été informé par l’UITA que le siège social du Fonds de prévoyance de l’armée avait donné l’ordre à la direction de la Sucrerie du Fonds de prévoyance de Badin de ne plus reconnaître le syndicat présent à la sucrerie, le Army Welfare Sugar Mills Workers' Union, et de mettre fin aux activités du syndicat par la force. Le syndicat est présent à l’usine depuis 1983 et entretien depuis longtemps des relations de négociation collective avec la direction.

Cet ordre contrevient de façon flagrante aux droits à la liberté d’association et à la négociation collective reconnus par les Conventions 87 et 89 de l’organisation internationale du travail (OIT), droits que le gouvernement pakistanais est tenu de faire respecter. Ces conventions ont force de droit international et ont force obligatoire pour le gouvernement.

En conséquence, nous vous appelons instamment à annuler cet ordre et à assurer le respect complet des droits du syndicat de l’usine de Badin. Soyez assuré que nous surveillerons de près l’évolution de la situation à cet égard.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Veuillez transmettre une copie de tout message envoyé au secrétariat de l’UITA et au Bureau de liaison de l’UITA au Pakistan (Télécopieur: + + 92 21 635 0354, Courriel: [email protected]).

Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.