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UITA
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«Libérez les représentants des travailleurs/euses!»/Des militants des droits des travailleurs/euses en Chine accusés de «subversion»

Inséré sur le site web de l'UITA le 20-Jan-2003

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Deux des leaders des manifestations massives qui ont eu lieu l’an dernier dans la ville industrielle de Liaoyang, dans le nord-est de la Chine, ont subi leur procès le 15 janvier pour «subversion», une accusation passible de la peine de mort. Deux autres dirigeants ouvriers ont été arrêtés et leurs droits ont été constamment violés depuis que la police est intervenue afin d'écraser les manifestations en mars de l’année dernière. À leur point culminant, les manifestations de Liaoyang ont attiré des dizaines de milliers de travailleurs/euses. Les bannières portées par les travailleurs/euses parlaient d’elles-mêmes: «Libérez les représentants des travailleurs/euses!» et «Le fait qu’on nous doive de l’argent ne fait pas de nous des criminels».

Des milliers d’anciens/nes travailleurs/euses licenciés/es de l’usine Liaoyang Ferroalloy ont tenu des manifestations publiques au printemps dernier afin de protester contre le fait que des griefs remontant à 1995 n’avaient toujours as été résolus. À cette époque, la direction de l’usine (qui a déjà compté jusqu’à 12000 employés/es) a commencé à produire de faux rapports de bénéfices afin de justifier ses primes. Au même moment, la société cessait de verser les cotisations de retraite et de soins médicaux des employés/es. En 2000, les travailleurs/euses ont entrepris de mener une série de protestations publiques afin de dénoncer le non-versement des salaires, tandis que la direction se livrait à un pillage systématique des ressources de l’usine. Usine qui a officiellement été déclarée en faillite l’année suivante. En mars 2002, les dirigeants ouvriers de Ferroalloy ont été mis aux arrêts et les forces policières se sont déployées autour de l’usine durant les «négociations» sur la faillite. Les travailleurs/euses de l’usine et d’autres usines de fabrication sont descendus/es dans la rue lorsque le dirigeant local du Parti communiste a déclaré à la télévision qu’il n’y avait pas de chômage à Liaoyang. Les travailleurs/euses ont continué de manifester – toujours paisiblement – alors que de plus en plus de leaders ouvriers étaient arrêtés.

Quatre des leaders des manifestations ont initialement été accusés d’avoir tenu des réunions illégales: Yao Fuxin, Xiao Yunliang, Pang Qingxiang and Wang Zhaoming. Le 15 janvier, toutefois, Yao Fuxin et Xiao Yunliang ont subi leur procès sous des accusations beaucoup plus graves de «subversion». Ni la sentence, ni les accusations précises portées contre Pang et Wang n’ont encore été rendues publiques.

Jusqu’ici, la répression n’a pu empêcher les travailleurs/euses de Liaoyang de manifester leur solidarité envers leurs collègues persécutés. Dans son édition du 15 janvier, le China Labour Bulletin (CLB) de Hong Kong rapportait ce qui suit:

Un travailleur de Liaoyang habitant près du tribunal a indiqué au CLB que des voitures de police bloquaient l’ensemble de la circulation automobile et piétonnière ce matin en face du tribunal où se tenait le procès. Un autre travailleur de l’usine Liaoyang Ferroalloy a affirmé au CLB plus tard aujourd’hui que les lignes téléphoniques des dirigeants ouvriers qui poursuivaient la lutte et demandaient la libération de Yao et de trois autres dirigeants des manifestations de mars dernier, Xiao Yunliang, Wang Zhaoming et Pang Qingxiang, avaient été coupées aujourd’hui. En outre, des agents de police ont passé la journée avec les familles de tous ces leaders ouvriers, à leurs domiciles. Wang, qui avait disparu le 31 décembre, est maintenant de retour chez lui, mais il lui a été interdit de discuter du procès ou de communiquer avec des personnes autres que les membres de sa famille.

La persécution des quatre leaders ouvriers a reçu l’appui de l’organe officiel ACFTU (All-China Federation of Trade Unions). Le vice-président et premier secrétaire de l’ACFTU, Zhang Junjiu, a déclaré lors du récent Congrès du Parti communiste que Yao Fuxin avait «exécuté des attentats à la voiture piégée», en dépit du fait que ni les autorités municipales ni le bureau de la sécurité publique de Liaoyang n’aient accusé aucun des protestataires d’actes de violence. Le 10 janvier, dans une lettre adressée au président de l’ACFTU, Wang Zhagou, le secrétaire général de la CISL, Guy Ryder, écrivait ce qui suit: «en juin dernier, à l’occasion des élections au Conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail, le candidat de l’ACFTU a été élu à titre de membre suppléant du Groupe des travailleurs de l’OIT. Pourtant, lorsque des travailleurs/euses chinois/es – y compris certains de vos propres membres – luttent pour leurs droits juridiques, votre organisation non seulement refuse de prendre parti en leur faveur et de défendre les organisateurs contre la persécution, mais travaille contre eux».

La lutte se poursuit; la communauté internationale doit faire pression pour que les autorités chinoises cessent de persécuter et de harceler les dirigeants ouvriers de Liaoyang. Nous vous prions de prendre le temps d’envoyer un message; vous trouverez ci-dessous un exemple. Veuillez transmettre une copie de tout message envoyé au secrétariat de l’UITA. Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.

Vous trouverez des mises à jour régulières sur l’évolution de la situation des quatre militants de Liaoyang et d’autres activistes militant en faveur des organisations syndicales indépendantes et des droits des travailleurs/euses en Chine sur le site Web du China Labour Bulletin.

Cliquez ici pour lire l’avis de l’UITA sur l’élection de l’ACFTU au Conseil d’administration de l’OIT à titre de membre du Groupe des travailleurs.

Exemple de message au gouvernement chinois


Mr. Jiang Zemin
President of the People's Republic of China Beijingshi
c/o Ministry of Foreign Affairs
People's Republic of China
Fax: + 86 10-65 96 11 09

Mr. President,

I write to express my deep concern about the January 15 trial in Liaoyang of Yao Fuxin and Xiao Yunliang on charges of "subversion". The two, along with Pang Qingxiangand Wang Zhaoming, were arrested following mass demonstrations by workers protesting corruption by factory managers and arrears of wages, pension and unemployment payments. No evidence of violence has been produced by local government and police authorities; the men are in fact guilty only of seeking to exercise democratic and trade union rights guaranteed by international covenants and Conventions of the ILO.

We therefore call upon you to drop all charges and convictions against the four men and to cease all intimidation and harasment of workers and their families involved in the Liaoyang protests.

Sincerely,

M. Jiang Zemin
Président de la République populaire de Chine Beijingshi
a/s du ministère des Affaires étrangères
République populaire de Chine
Fax: + 86 10-65 96 11 09

Monsieur le Président,

Nous vous écrivons aujourd’hui afin de vous faire part de notre profonde préoccupation face aux accusations de «subversion» portées contre Yao Fuxin et Xiao Yunliang lors d’un procès tenu à Liaoyang le 15 janvier dernier. Ces deux personnes ont été arrêtées, de même que Pang Qingxiangand et Wang Zhaoming, après les grandes manifestations organisées par les travailleurs/euses qui protestaient contre la corruption des dirigeants d’usine et le non-versement des arriérés de salaires, des pensions et des prestations de chômage. Ni la police ni les autorités locales n’ont présenté de preuves de violence; ces hommes ne sont en fait coupables que d’avoir tenté d’exercer des droits démocratiques et syndicaux garantis par des traités internationaux et les Conventions de l’OIT.

En conséquence, nous vous appelons à faire en sorte que les accusations qui pèsent contre ces quatre hommes soient abandonnées et à mettre fin au harcèlement et à l’intimidation dont sont victimes les travailleurs/euses ayant participé aux manifestations de Liaoyang et leurs familles.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueux.