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NUWHRAIN résiste et la lutte se poursuit contre les tactiques antisyndicales à l’hôtel Dusit Nikko de Manille

Inséré sur le site web de l'UITA le 03-Apr-2002

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NUWHRAIN (National Union of Workers in Hotel Restaurant and Allied Industries), affiliée à l’UITA, tient bon dans sa lutte pour la défense des droits syndicaux à l’hôtel de luxe de 542 chambres Dusit Nikko de Manille.

Depuis le début des négociations collectives en novembre 2000, la direction de l’hôtel s’est continuellement efforcée d’affaiblir le syndicat. Après 18 rencontres infructueuses, le syndicat a officiellement déclaré que les négociations étaient dans une impasse alors que quelques 45 points différents restaient à négocier. Même si l’impasse résultait des tactiques d’obstruction de la direction, le syndicat n’a pas donné d’avis de grève, tenant compte de la situation économique et politique difficile aux Philippines.

La tension a augmenté à l’hôtel en décembre avec l’envoi à la direction générale de Dusit en Thaïlande d’une lettre signée par plusieurs centaines d’employés/es et faisant état de transactions financières douteuses par certains cadres de l’hôtel. La direction générale a répondu en licenciant le directeur des ventes et de la commercialisation de l’hôtel de Manille, mais la tension a encore monté d’un cran lorsque la direction locale a accordé des primes de fin d’année extrêmement généreuses à l’ensemble de ses 114 cadres – tout en continuant de maintenir que la situation financière de l’établissement ne lui permettait pas de négocier une nouvelle convention collective!

Le 14 janvier, les membres du syndicat ont voté à une forte majorité en faveur du déclenchement d’une grève, au moment opportun, si cela devait s’avérer nécessaire pour dénouer l’impasse. Des rencontres de conciliation ont été entreprises sous les auspices du ministère du Travail et de l’Emploi, mais la direction ne s’est pas présentée à une rencontre qui devait avoir lieu le 17 janvier. Le lendemain, les syndiqués/es réunis en assemblée générale ont décidé que certains d’entre eux se raseraient la tête afin de protester contre l’intransigeance de la direction.

Après que les protestataires se soient vus refuser l’accès à l’hôtel et à leur travail, le syndicat a organisé un piquet de grève d’information - une action reconnue et garantie par la loi. La direction a continué d’appliquer un lock-out sélectif, avant de suspendre 125 syndiqués/es le 21 janvier, dont des dirigeants/tes du syndicat, les membres qui s’étaient rasé la tête et ceux/celles qui avaient participé au piquetage informationnel du 18 janvier. Les suspensions se sont poursuivies sur une base quotidienne, pour finalement toucher quelques 300 syndiqués/es, les trois-quarts de l’effectif du syndicat. Le syndicat a réagi en déposant une plainte pour lock-out illégal, mais la direction a officiellement annoncé le licenciement des protestataires le 26 janvier, amenant ainsi le syndicat à déclencher la grève.

La grève a entraîné la fermeture de l’hôtel jusqu’au 2 février, alors que le ministère du Travail et de l’Emploi ordonnait que tous les employés/es de l’hôtel – incluant les employés/es licenciés/es ou suspendus/es – soient «rappelés/es au travail par l’Hôtel dans un délai de 24 heures». L’ordonnance comportait cependant une clause échappatoire de «réintégration salariale» permettant à la direction de verser leurs salaires aux employés/es suspendus/es ou licenciés/es sans toutefois les autoriser à reprendre leurs postes, dans l’attente d’une confirmation officielle du licenciement. Au départ, la liste comprenait 225 membres du syndicat, dont plus de 90 dirigeants/tes et syndiqués/es ayant reçu un avis de licenciement. L’ordonnance de retour au travail imposait également l’arbitrage obligatoire sur tous les points en litige, incluant la convention collective.

Le 27 février, la direction a entrepris de rappeler au travail une partie des travailleurs en réintégration salariale – en faisant pression sur chacun d’eux/elles pour qu’ils/elles signent une «renonciation» aux accusations de lock-out illégal à titre condition de réintégration physique. Selon les termes de la renonciation, les travailleurs/euses conviennent de ne pas faire valoir leur cause au titre du lock-out illégal. Ces renonciations ont pour but d’affaiblir la position du syndicat dans l’audition de la cause du lock-out illégal et de renforcer l’argument de la direction, à l’effet que les travailleurs/euses devraient être suspendus/es et/ou licenciés/es pour avoir pris part à des activités de piquetage et de grève illégales – malgré le fait qu’il s’agisse dans les deux cas de la réponse syndicale au lock-out illégal!

À l’heure actuelle, 121 salariés/es parmi ceux/celles qui avaient été suspendus/es ont été rappelés/es au travail; 96 salariés/es licenciés/es restent sur la liste de réintégration salariale. Le syndicat a conseillé aux salariés/es rappelés/es de signer la renonciation, mais de signer aussi un affidavit précisant que leur signature a été obtenue par la contrainte, ce qui constitue une pratique de travail déloyale.

À la suite de cette manifestation massive de pratiques déloyales, NUWHRAIN a déposé un nouvel avis de grève. La direction a riposté devant les tribunaux en alléguant que le dépôt de plaintes pour lock-out illégal par les membres du syndicats constituait une forme de «harcèlement» à l’endroit de la direction de l’hôtel. Toutes les causes ont maintenant été certifiées pour arbitrage obligatoire devant la Commission nationale des relations de travail.


CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE

L’hôtel Dusit Nikko est le seul établissement syndiqué de la chaîne Dusit, propriété de Japan Airlines, et NUWHRAIN lutte contre une opération clairement antisyndicale. La direction locale est déterminée à éliminer la présence syndicale, et est disposée pour y arriver à continuer de verser leurs salaires à près de 100 membres du syndicat tout en leur interdisant l’accès au travail. NUWHRAIN exige la réintégration immédiate et inconditionnelle de tous/tes les employés/es licenciés/es et suspendus/es et l’ouverture de négociations de bonne foi sur le renouvellement de la convention collective.

Vous pouvez manifester votre appui à NUWHRAIN et à la lutte pour les droits syndicaux à l’hôtel Dusit Nikko en faisant parvenir un message de protestation clair au propriétaire majoritaire de l’hôtel et au ministère du Travail et de l’Emploi des Philippine. Les messages ci-joint peuvent servir de modèles. Veuillez transmettre une copie de tout message expédié au secrétariat de l’UITA. Nous vous remercions à l’avance de votre solidarité et de votre soutien.

Exemple de message transmis par télécopieur à
M. Tampuying Chanut Piyaoui, président du Conseil d’administration de Philippine Hoteliers, Inc.
Fax: + 662 587 8657
Courriel: [email protected]


Monsieur,
Je vous écrit afin d’exprimer ma profonde préoccupation face à la situation en matière de relations de travail à l’hôtel Dusit Nikko de Manille. La direction de cet établissement a commis une série de violations à l’endroit des droits syndicaux fondamentaux et du syndicat représentant les travailleurs/euses de l’hôtel, NUWHRAIN. Le syndicat tente sans succès de négocier une nouvelle convention collective depuis novembre 2000, mais les négociations sont entrées dans une impasse en raison du refus systématique de la direction de négocier de bonne foi.

Le syndicat, qui s’est abstenu de déclencher un arrêt de travail par respect pour la situation économique des Philippines et la santé financière de l’hôtel, s’est toutefois senti justifié de protester lorsque la direction de l’hôtel a accordé de généreuses primes à tous les cadres de l’établissement en décembre dernier. Ces primes ont été octroyées alors même que la direction continue de maintenir que la situation financière de l’établissement ne lui permet pas de signer la convention collective proposée, laissant ainsi entendre que des mesures d’austérité devaient s’appliquer au personnel qui fait le succès de l’hôtel, alors que des critères différents s’appliquent au personnel-cadre.

Lorsqu’un groupe de travailleurs a choisi de se raser la tête pour protester contre cette situation et pour souligner le fait que la direction avait refusé de se présenter à une rencontre de conciliation tenue sous les auspices du ministère du Travail et de l’Emploi, la direction de l’hôtel a répondu par un lock-out et des suspensions illégales. La direction a ensuite imposé d’autres suspensions à des centaines de travailleurs/euses qui avaient protesté contre ce traitement en participant à un piquet de grève pacifique – une activité pleinement reconnue par la loi. Le syndicat a répliqué en déclenchant une grève le 26 janvier. Ce faisant, le syndicat a encore une fois agi dans le plein respect de la loi, un votre de grève ayant été tenu l’an dernier sous la supervision des autorités gouvernementales et la direction ayant été dûment avisée du résultat.

En vertu des dispositions de l’ordonnance de retour au travail émise par le ministère du Travail et de l’Emploi, 225 syndiqués/es ont été placés en « réintégration salariale », c’est –à-dire qu’ils recevaient leur salaire mais qu’on leur interdisait de se présenter au travail. Près de 100 salariés/es injustement licenciés/es émargent toujours à la liste de réintégration salariale, alors que ceux/celles qui avaient été suspendus/es ont été forcés/es de signer une renonciation à leur plainte pour lock-out illégal en condition de retour au service actif.

Je vous invite à prendre les mesures appropriées pour assurer que ces travailleurs/euses soient pleinement réintégrés/es et qu’il leur soit permis de reprendre leurs postes, et pour faciliter la reprise de négociations de bonne foi en vue de la conclusion d’une convention collective avec NUWHRAIN.

Il est certainement de l’intérêt de toutes les parties de négocier de bonne foi, plutôt que de verser des millions de pesos par mois pour une « réintégration salariale » qui ne peut être perçue que comme un acte de vengeance mesquine à l’endroit du syndicat.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

c.c.: Monsieur Chiyuki Fujimoto, directeur général, Dusit Hotel Nikko
Fax: + 632 867 3888


Exemple de message transmis par télécopieur à
Mme Patricia A. Sto. Tomas, Secrétaire au travail et à l’emploi
Fax: +632 527 3494
Courriel: [email protected]


Madame la Secrétaire,
Je désire exprimer ma profonde préoccupation face à la situation en matière de relations de travail à l’hôtel Dusit Nikko de Manille. Depuis novembre 2000, alors que la direction refusait négocier de bonne fois le renouvellement de la convention collective avec NUWHRAIN, la direction a à de nombreuses reprises violé les droits syndicaux fondamentaux des salariés/es de l’hôtel.

Plus récemment, la série d’événements déclenchées par le refus de la direction de participer à une rencontre de conciliation organisée par le ministère du Travail et de l’Emploi a entraîné des centaines de suspensions illégales et la tenue d’une grève, du 26 janvier au 2 février. En réponse à l’ordonnance de retour au travail, la direction a placé 225 salariés/es en réintégration salariale seulement, plutôt que de les réintégrer réellement dans leurs postes. Près de 100 salariés/es injustement licenciés/es émargent toujours à la liste de réintégration salariale. Ceux/celles qui ont pu reprendre leurs postes ont été forcés/es de signer une renonciation à leur plainte pour lock-out illégal en condition de retour au service actif.

Il s’agit là clairement d’un autre exemple de l’attitude férocement antisyndicale de la direction et de sa volonté d’éliminer la présence syndicale à l’hôtel. En conséquence, je vous prie instamment d’émettre une nouvelle ordonnance afin d’obliger la direction à réintégrer physiquement tous les membres et dirigeants/tes du syndicats en service actif dans les postes qu’ils occupaient avant les suspensions. Je vous invite également à user de vos bons offices pour enjoindre aux parties de reprendre les négociations afin d’en arriver à des solutions négociées et mutuellement acceptables de toutes les questions en litige.

Je continuerai de suivre de près l’évolution de la situation à l’hôtel Dusit Nikko.

Veuillez agréer, Madame la Secrétaire, l’expression de mes sentiments distingués.