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Raffles se moque encore des lois cambodgiennes et quitte le processus d’arbitrage

Inséré sur le site web de l'UITA le 25-May-2004

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La direction de la chaîne hôtelière Raffles, basée à Singapour, a encore une fois confirmé son arrogance et sa détermination à se placer au-dessus des lois lorsque ses représentants ont quitté la rencontre organisée par le Conseil cambodgien d’arbitrage le 19 mai. Depuis le 17 mai, l’hôtel participait à une séance d’arbitrage portant sur le licenciement de quelques cent membres du Cambodian Tourism and Service Workers' Federation (CTSWF) ayant pris part à la grève pacifique du 5 au 12 avril à l’hôtel Raffles Le Royale de Phnom Penh (pour le point complet sur la situation, cliquer ici).

Les trois membres du Conseil d’arbitrage ont conclu que la création d’un «syndicat» de pacotille afin de remplacer le CTSWF et l’annonce de la signature d’une «convention collective» improvisée à la hâte avec cette organisation fantoche relevaient du mandat du Conseil. Ils ont ordonné à l’hôtel de produire les documents concernant «l’élection» des délégués/es des travailleurs/euses et une copie de «l’entente» intervenue. Il a été intimé au directeur de l’établissement, Stephen Gnaeggi, de se présenter afin de témoigner dans l’après-midi du 19 mai.

Plutôt que de se conformer à ces exigences juridiques, Raffles a choisi de quitter l’audience d’arbitrage – et n’est pas revenue.

Ce n’est pas la première fois que Raffles manifeste son mépris des lois. Depuis plusieurs années, la chaîne empoche les frais de services facturés à tous les clients plutôt que de les redistribuer en totalité au personnel, sur base mensuelle. Lorsque le Conseil d’arbitrage a ordonné à Raffles de remettre les frais de service aux employés/es, le 7 janvier dernier, la chaîne a plutôt choisi d’en cesser la perception. La direction a ensuite licencié 300 employés/es de ses deux hôtels au Cambodge. Raffles a établi clairement son refus de réintégrer les travailleurs/euses licenciés/es illégalement; un dirigeant de la chaîne, Markland Blaiklock, a déclaré au Financial Times que «Nous savons de qui il s’agit».

Le 7 mai, la direction du Raffles Grand de Siem Reap a ordonné que tous les dossiers syndicaux soient retirés des bureaux du syndicat dans l’hôtel, alors que les syndicalistes licenciés/es poursuivaient leur piquetage devant l’hôtel. Le directeur des ressources humaines de l’hôtel a personnellement pris la tête de l’opération, tandis que la police empêchait la direction syndicale d’entrer dans ses bureaux.

Raffles a ensuite établi une association fantoche d’employés/es, avec laquelle elle a conclu une «entente» illégale sur les salaires et les conditions de travail, avant d’annoncer aux médias d’affaires internationaux que le conflit avait été «réglé».

Le conflit est loin d’être terminé. Le CTSWF poursuit son piquetage devant les deux hôtels hors-la-loi. Le soutien international au syndicat en lutte continue de croître. Le 14 mai, le Représentant au Congrès des États-Unis George Miller, dans une lettre ouverte adressée à la PDG de Raffles, Jennie Chua Keng Yeng, affirmait que «La pratique qui consiste à affaiblir une action de grève légale en signant une entente avec un syndicat «ami», bien que familière, n’en reste pas moins illégale et dessert à la fois les travailleurs/euses de l'hôtellerie au Cambodge et la réputation internationale de Raffles.»