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UITA
Unit les travailleurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de l'hôtellerie du monde entier


Comité d'information et de consultation Danone

Inséré sur le site web de l'UITA le 15-Jan-2004

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Compte rendu de la réunion du 4 décembre 2003

Réunion préparatoire – 3 décembre 2003


Le secrétariat de l’UITA présente les évolutions et tendances du groupe ainsi que les questions transmises par les organisations présentes dans le groupe.

Les délégués/es syndicaux/ales conviennent de sérier les questions à la direction générale en deux parties :
1) définition d’indicateurs sociaux que la direction s’engagera à fournir chaque année ;
2) questions d’emploi dans le groupe par rapport notamment :
 au suivi de la restructuration de l’activité biscuits en Europe
 a la réorganisation en cours en Pologne
 aux activités de pâtisserie industrielle et de panification
 aux programmes mis en oeuvre pour améliorer la rentabilité : CUTE, Puissance 2, etc.

Le groupe a fourni pour la présente réunion quelques données sociales chiffrées mais certains s’interrogent sur les calculs concernant l’évolution des effectifs consolidés (pourcentages positifs alors que les nombres absolus sont en diminution). [Le groupe a depuis expliqué que les pourcentages mesuraient l’évolution respective d’une année sur l’autre de l’importance des effectifs de chaque région par rapport à l’effectif total, ce qui explique que des nombres absolus en diminution au niveau des régions peuvent représenter des pourcentages en augmentation par rapport à un effectif total qui a lui-même fortement baissé. Note du secrétariat]

En sus des questions soumises par les organisations, les participants/es conviennent de soulever les aspects suivants :
1. les questions d’égalité professionnelle (salaire, promotion, accès à la formation, etc.)
2. la question de la formation professionnelle et de la reconnaissance des diplômes ;
3. la question de la sous-traitance et son extension aux activités directement liées à la production ;
4. le futur de Blédina dans le groupe.

Les participants/es conviennent qu’une déclaration commune contre le recours à la sous-traitance sera faite au nom du groupe des syndicalistes par la CGT.

Réunion plénière – 4 décembre 2003


Le secrétariat présente les excuses de Bruno Vannoni, empêché de présider la réunion par un événement familial de dernière minute, et de Ron Oswald, en déplacement à l’étranger.

Comme convenu en réunion préparatoire, la réunion est ouverte par le secrétariat qui demande au président du groupe de décrire quelles seraient à ses yeux les raisons pour lesquelles les syndicalistes confrontés aux rumeurs récurrentes de prise de contrôle du groupe par une autre société devraient souhaiter que Danone reste Danone.

Franck Riboud présente l’évolution du groupe. Il est convaincu que le meilleur moyen de conserver l’indépendance du groupe est de mériter la confiance des actionnaires en atteignant les objectifs de croissance et de rentabilité attendus.

Il passe ensuite en revue l’activité dans les différents pôles. Les produits laitiers frais ont encore cette année connu une croissance du chiffre d’affaires de l’ordre de 7 à 10%, et le potentiel de développement, mesuré par le différentiel de consommation de produits laitiers frais par habitant entre différents pays fortement peuplés du monde (Inde, Chine, Indonésie) et certains pays d’Europe occidentale est important. La Russie est également un relais de croissance significatif, d’où les discussions avec Wimm Bill Dann qui ont été stoppées lorsqu’il est apparu que le prix d’acquisition de cette société était trop élevé par rapport à ses performances. Le développement en Russie passera plutôt par la croissance interne.

Le président du groupe affirme sa conviction que le développement du groupe passe par les eaux. Ce marché est toutefois le théâtre d’affrontements concurrentiels sévères sur de nombreux marchés matures, comme celui des Etats-Unis ou d’Europe occidentale, d’où les alliances passées aux Etats-Unis avec Suntory. Il exprime des doutes sur la qualité de l’eau vendue par des concurrents à partir de stations de remplissage.

Sur le marché des biscuits, Danone a des résultats satisfaisants dans certains pays (Indonésie, Chine), des parts de marché fortes mais un problème de croissance du fait entre autres de la cannibalisation des anciens produits par les novueaux (Europe centrale et orientale, France, Bénélux), et des difficultés qui appellent des stratégies novatrices (alliances, adossements) dans les pays d’Amérique latine, dont le Brésil. Le marché du biscuit est mondial mais se fonde sur des spécificités locales (exemple: Bimbo au Mexique, Bahlsen en Allemagne, Barilla en Italie). Ce constat explique le changement de direction à la tête du pôle.

S’agissant de la spécificité du groupe Danone, Franck Riboud considère que les organisations locales auraient un intérêt commun avec la direction à intervenir à tous les niveaux pertinents, y compris le niveau européen, pour défendre le concept de produits laitiers frais fabriqués à partir de lait frais. Une éventuelle possibilité offerte aux industriels laitiers de fabriquer des yoghourts à partir de lait UHT signerait la disparition à terme d’un pan de l’activité agricole dans les pays de fabrication des yoghourts.

Une autre des spécificités de Danone soulignée par le président est la décision qu’il a prise de maintenir ses activités dans des pays qui connaissaient des difficultés économiques (Argentine, Russie). Cette décision qui a des dimensions sociales (maintien de l’emploi) apporte aussi des dividendes économiques en terme de reconnaissance des marques et de fidélisation des consommateurs.

Franck Riboud fonde de grands espoirs dans le développement des activités dans la zone Afrique du Nord et Moyen Orient. Il propose aux participants/es d’organiser une présentation spécifique ders activités et perspectives dans cette zone.

Réitérant sa conviction que l’indépendance du groupe passe par la satisfaction des actionnaires, le président souligne que la culture du groupe est différente de celle d’autres sociétés en cela que le groupe accepte les contre-pouvoirs et est conscient de ses responsabilités vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes. Ainsi, il sait que le maintien de la marque Bio sur certains yoghourts Danone est de nature à induire en erreur les consommateurs puisque ces produits ne sont pas fabriqués à partir de matière première répondant aux normes de l’agriculture biologique. S’ils l’étaient, cette production épuiserait à elle seule toute la capacité de production de lait biologique en France, selon le président. Danone étudie par conséquent un changement du nom de ce produit.

Enfin, Franck Riboud tempère l’optimisme des médias quant à une reprise économique qu’il n’a pas constatée, loin s’en faut, au sein du groupe. En France notamment, il semblerait plutôt qu’on assiste à un effondrement de la consommation des particuliers.

Les camarades suivants sont intervenus dans la discussion générale :

Jörg Lindner sur la capacité de croissance du groupe en interne – le groupe a des possibilités de croissance même dans les pays en stagnation (exemple : Actimel en Belgique). Le développement de nouveaux produits nécessite une prise de risque limitée, qui explique en partie le recours dans certaines situations à la sous-traitance. Certains concurrents pénètre le marché des produits laitiers frais par la sous-traitance uniquement, notamment avec le français Senoble. Le groupe ne peut pas garantir l’emploi à vie, mais la formation et l’évolution des carrières dans et en dehors du groupe. Le président suggère la mise en place d’un groupe de travail sur la gestion des carrières, notamment pour faciliter les passerelles entre la fabrication et le commercial. Le président insiste sur la nécessité de protéger les produits par une législation contraignante (produits laitiers frais à partir de lait frais, eau minérale soumise à des contraintes plus fortes que les eaux de source, etc.).

Patrick Dachicourt sur l’opposition des syndicalistes au recours à la sous-traitance – le président reconnaît les risques liés à l’emploi de personnel extérieur ou à l’externalisation d’activités, notamment en matière de qualité des produits, mais réaffirme que ceci est incontournable. Il est d’accord pour veiller à ce que les sous-traitants adoptent Danone Way. Il répète que Danone n’a pas vocation à devenir une société de marques sans activités de fabrication. Il se prononce pour la définition d’un cahier des charges pour les sous-traitants.

Renée Wargnies sur l’avenir de Bledina dans le groupe et des usines Danone en Normandie (ouest de la France) – le président ne souhaite pas vendre Bledina qui n’a pas toutefois vocation à devenir une marque mondiale, d’où la recherche de partenariats. S’agissant des usines normandes, l’efficacité voudrait que l’on tente de rendre les usines compétitives en regroupant les forces et en rapatriant des volumes. Toutefois, aucune décision n’est et ne sera prise sans négociation et accord préalable des organisations présentes sur les sites.

Sebastian Serena, Jean-Jacques Cazaumayou sur la sous-traitance et l’application des accords UITA/Danone (notamment sur l’égalité professionnelle) – Franck Riboud considère nécessaire l’établissement d’une charte sur la sous-traitance qui devrait être négociée au niveau de l’UITA. Un groupe de travail devra être constitué sur cette question. Un autre groupe devrait se charger de l’analyse de l’application des accords.

Abdel Bachkata sur l’avenir des activités de pâtisserie industrielle et panification, les problèmes dans les dépôts, la présence de Danone au Maroc – Franck Riboud reconnaît qu’il était erroné de concevoir une stratégie unique pour l’ensemble des métiers du pôle biscuits. C’est la raison pour laquelle des Business Units différentes viennent d’être crées pour la pâtisserie, la panification, le biscuit salé et le biscuit sucré. C’est aussi la raison du départ du directeur général du pôle. Pour les dépôts, le président regardera le cas spécifique du dépôt de Verdun. Au Maroc, Danone a des intérêts substantiels mais pas le management du fait de son partenariat avec l’ONA.

Tony Hogan sur l’activité biscuits en Irlande – il est nécessaire d’augmenter l’efficacité de l’outil industriel en Irlande. La baisse du volume de production nécessite une adaptation des effectifs, mais le groupe n’a pas l’intention de fermer l’usine de Tallaght.

Marianna Zebrowska sur la restructuration de l’activité biscuits en Pologne – le président Riboud rappelle le processus qui a conduit à envisager la fermeture de Jaroslaw. Le groupe explore les possibilités de susciter une activité durable sur le site qui maintiennent une partie des emplois. Des solutions sont en discussion pour la sauvetage de l’outil industriel.

Piroska Dombovari sur la situation de l’usine de Györ – le président confirme son souhait de maintenir l’usine sur le site actuel en diminuant autant que faire se peut les nuisances causées aux riverains.

Kris Clymans sur le comparatif entre les tonnages anticipés lors de l’annonce du plan de restructuration biscuits et les tonnages réalisés – le président confirme que les tonnages sont inférieurs à la prévision (350 000 tonnes prévues en 2003, 275 000 réalisées).

Michel Coudougnes et Christian Ghislain sur les questions de qualité et de sécurité alimentaire – le président confirme que des postes de contrôle qualité ont été supprimés et remplacés par une démarche qui tend à rendre les opérateurs davantage formés et responsables de la qualité de la fabrication.

Patrick Dalban Moreynas remercie Franck Riboud de sa présence et de ses réponses aux préoccupations des syndicalistes. Il note avec satisfaction l’engagement du groupe à mettre en place rapidement des dispositifs permettant de travailler conjointement sur les questions de mesure de l’application des accords UITA/Danone, de formation et gestion des carrières, d’égalité professionnelle, de définition d’indicateurs sociaux, de recours à la sous-traitance.

La séance de l’après-midi est consacrée en premier lieu à une présentation par le directeur qualité Yves Rey de la politique Danone en matière de qualité. Yves Rey est en poste dans le groupe depuis six mois. Il a auparavant travaillé entre autres dans les groupes McCain et Coca-Cola.

Selon Yves Rey, les équipes qualité doivent être les ambassadeurs des consommateurs auprès du groupe qui a pour objectif d’attirer toujours davantage de consommateurs et de les satisfaire. Le logo Danone doit être une garantie de qualité.

Le système qualité mis en place doit répondre aux attentes des consommateurs en matière de protection de leur santé et de maîtrise des risques (par la mise en place des systèmes de prévention/contrôle AIB, HACCP, traçabilité, gestion des risques), doit offrir un réel plus santé et tenir les promesses du marketing (par des objectifs de gestion de la qualité et des procédures opérationnelles) et enfin satisfaire et fidéliser les consommateurs (par une écoute et des améliorations continues). Le groupe a mis en place des systèmes de vérification du niveau de mise en oeuvre et de satisfaction dans chacun des pôles.
Pour ce qui concerne la sécurité alimentaire, Monsieur Rey met en lumière la différence entre les risques scientifiques avérés et la perception des risques alimentaires par le consommateur. Il présente la procédure de gestion des crises et de traitement des réclamations des consommateurs.

Il mentionne par ailleurs le rôle de la recherche et du développement qui doit prendre en compte les impératifs qualité, notamment en matière de santé (produits à bénéfice santé), de nutrition (bonnes pratiques nutritionnelles), de préférence (supériorité sur la concurrence en préférence produit) et d’efficacité technologique (évolution des technologies industrielles pour garantir la sécurité et la qualité).

Les délégués/es suivants/es participent à la discussion sur ce thème : Abdel Bachkata, Artur Lisowski, Sebastian Serena, Michel Coudougnes, Patrick Dachicourt, Tony Hogan, Zeff Qurreschi, Patrick Longin, Marianna Zebrowska, Christian Ghislain.

Yves Rey donne les informations suivantes :
La qualité doit s’appliquer tout au long de la « supply chain », y compris par l’application de Danone Way chez les fournisseurs. Les opérateurs doivent veiller à leur niveau à la qualité des produits fabriqués. Une charte de qualité doit être appliquée aux fournisseurs, et la traçabilité des produits assurée. Une démarche qualité efficace est celle qui est assurée au moindre coût. Les contrôles qualité doivent être assurés pendant toute la durée de vie d’un produit.

Franck Mougin ajoute que l’implication des salariés/es dans le contrôle qualité doit mener à un enrichissement des postes de travail, et qu’il faut le cas échéant changer l’organisation du travail. La qualité et la sécurité ne doivent pas être sacrifiées à la productivité. Le programme Puissance 2 n’a pas pour objectif de réduire les effectifs. L’embauche d’intérimaires dans les relations avec les fournisseurs (agents de relation culture) est anormale.

Franck Mougin présente un point à date de la restructuration du pôle biscuit en Europe. Une réindustrialisation des sites est assurée ou en cours à Dordrecht, Locate, Chateau-Thierry, Calais, Ris-Orangis, mais la solution envisagée à Beveren ne s’est pas concrétisée. Le pourcentage de salariés/es pour lesquels/elles une solution a été trouvée est de 100% en Belgique, 100% aux Pays-Bas, 94% en Italie, 92% en Hongrie, 85% en Irlande, 68% en France et 66% au Royaume-Uni.

En réponse aux questions de Kris Clymans et Abdel Bachkata, Franck Mougin reconnaît que les tonnages anticipés dans les usines maintenues ne sont pas au rendez-vous mais indique que des signes encourageants ont été preçus notamment avec la reprise de parts de marché en France. La situation est encore difficile dans les usines maintenues du fait des retards dus aux procédures engagées. Dans la mesure du possible, la régularisation des intérimaires est assurée, même si l’on doit convenir que leur statut est différent des salariés/es permanents/es.

Franck Mougin présente ensuite la mise en oeuvre de Thémis. Quelque 3254 personnes ont reçu une formation dans ce cadre, pour un investissement total de 4 millions d’euros. Pour ceux qui ont déjé mis en oeuvre le programme, on a constaté la création de 29 postes et la disparition de 33. L’impact quantitatif sur les emplois est donc faible (solde négatif de 4 emplois) et l’impact qualitatif est positif (formation qualifiante).

Réunion d’évaluation – 5 décembre 2003


La quasi-totalité des intervenants/es considère que la partie de la réunion consacrée à la marche du groupe (Franck Riboud) a été plus fructueuse que nombre de celles qui l’ont précédée. Les questions ont été ciblées, la discipline du groupe syndical a permis d’aborder toutes les préoccupations actuelles, et les réponses ont été suffisamment claires et concrètes. En revanche, l’intervention de Yves Rey a été un peu longue et moins concrète.
Certains syndicalistes regrettent que des représentants des directions Danone dans différents pays ne soient pas davantage associés à la réunion du CIC. Ceci permettrait peut-être d’éviter de constater d’aussi grands écarts entre le discours de la direction générale lors de la réunion du CIC et les attitudes et décisions des directions sur les sites.

Il est souhaité qu’une analyse aussi détaillée que possible soit entreprise par le secrétariat sur la précarité dans le groupe.

Patrick Dalban Moreynas clôt la réunion en rappelant les dossiers ouverts lors de cette réunion, que l’UITA va s’efforcer de faire avancer en mettant en place des groupes de travail. Il remercie les participants/es et les interprètes.