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UITA
Unit les travailleurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de l'hôtellerie du monde entier


Réunion du groupe professionnel HRCT 2003

Inséré sur le site web de l'UITA le 15-Jan-2004

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Emploi

Point 5-3 : Emploi


Point de la situation


Selon le World Travel and Tourism Council (WTTC), l’industrie touristique devrait représenter en 2003 quelque 67 441 000 emplois dans le monde.
Depuis le 11 septembre 2001, le tourisme a montré jusqu’à la caricature ses forces et ses faiblesses. La croissance mondiale des flux touristiques qui s’établissait dans la période 1990-2000 à 4,6%, avec un pic de 7% en 2000, a connu une évolution négative en 2001 (- 0,5%) en 2001 et une reprise timide (+ 3%) en 2002. Au cours de cette période, le tourisme, notamment le tourisme longue distance pour touristes à revenus confortables, a été affecté successivement par un ralentissement économique mondial, par la crainte du terrorisme notamment aérien, par l’insécurité dans certaines régions due à des conflits armés (Irak, Côte d’Ivoire, Libéria, etc.), par l’apparition de risques pour la santé (SRAS) et par des phénomènes climatiques.
Cette période a montré la grande sensibilité du tourisme à son environnement mais aussi sa résistance et sa capacité à reprendre sa progression. Toutefois, ces fluctuations ne sont pas sans conséquences sur la principale variable d’ajustement de l’activité, à savoir les emplois.
Dans le même temps où des emplois étaient supprimés dans les régions les plus affectées (Asie, Amérique du Nord), des hôtels, notamment dans certains lieux touristiques d’Europe, ne pouvaient pas ouvrir pour la saison (hiver ou été) du fait du manque de personnel.

Initiatives pour l’emploi


A la demande des employeurs (IH&RA) et des syndicats (UITA), le BIT avait organisé les 25 et 26 octobre 2001 une réunion d’un groupe tripartite informel sur l’impact social des événements du 11 septembre 2001. Des recommandations avaient été formulées à l’intention des différentes parties prenantes (gouvernements, autorités du tourisme, organisations d’employeurs et syndicales du secteur). Cette réunion a été suivie d’un rapport du BIT sur l’impact de la crise de 2001-2002 sur l’industrie hôtelière et du tourisme (janvier 2003) et d’un rapport du 13 mai 2003 sur les « nouvelles menaces sur l’emploi dans l’industrie du transport et du tourisme ».
Ces rapports indiquent que l’essentiel du poids du ralentissement de l’activité touristique a été supporté par les salariés/es du secteur. Selon des estimations du BIT et des calculs du WTTC, plus de 5 millions d’emplois auraient été perdus à fin avril 2003. L’American Hotel & Lodging Association a mentionné fin avril l’élimination depuis mi-2001 de 130 000 emplois et la transformation de contrats plein temps en contrats à temps partiel.
L’UITA a envoyé un questionnaire aux affiliées pour connaître les répercussions sur l’emploi dans les différents pays et les initiatives prises pour empêcher les suppressions d’emploi. Les principaux enseignements tirés des réponses fournies par les affiliées sont repris ci-dessous :
L’affiliée nord-américaine HERE rapporte que l’activité touristique a été sérieusement affectée par l’épidémie de SARS à Toronto (Canada) avec des annulations de congrès/conventions et des taux d’occupation ne dépassant pas 30%. Un nombre important de salariés/es (1/3 de ceux employés dans les hôtels du centre ville) a été mis à pied dans l’attente d’une reprise. Le syndicat a donc demandé une approche cohérente de la situation, une assistance spécifique aux travailleurs concernés et des mesures pour promouvoir le tourisme. Le 9 juin, le syndicat devait toutefois constater que les autorités n’avaient pris aucune disposition pour aplanir les difficultés des employés/es mis/es à pied.
En Autriche, l’affiliée HGPD a conclu avec les employeurs une convention sur le chômage partiel (entrée en vigueur le 1er avril 2003) permettant aux entreprises qui peuvent démontrer une baisse de leur chiffre d’affaires de 10 à 15% d’introduire une demande de chômage partiel. Pour éviter les abus, ces demandes ne peuvent être introduites qu’en accord avec les comités d’entreprise et les syndicats compétents. Les travailleurs/euses concernés/es reçoivent une allocation de chômage correspondant à au moins 85% de leur dernier salaire mensuel complet. Cet accord est valable pour les salariés/es à temps partiel.
HGPD indique par ailleurs que l’évolution des flux touristiques est positive en Autriche et que le nombre d’emplois a augmenté de 1,8% en 2002 par rapport à 2001 (le chômage a toutefois augmenté de 7,6% pendant la même période). L’Autriche a bénéficié du renforcement à la tendance au tourisme dit « de proximité » dans la mesure où la plupart des touristes européens peuvent se rendre dans ce pays par voiture.
L’affiliée allemande NGG indique que la tendance au déclin du nombre d’emplois se poursuit depuis 7 ans. Elle s’explique par la rationalisation des entreprises qui mettent en place des systèmes de fonctionnement nécessitant moins de salariés/es et par le sévère ralentissement économique que connaît ce pays.
A Chypre, les conséquences du ralentissement du tourisme ont été sérieuses. L’affiliée OEXEV-SEK a mené des discussions avec les employeurs et les autorités afin de maintenir l’emploi. Il a approuvé les mesures d’encouragement au tourisme prises par le gouvernement mais a dû recourir à une campagne d’information du public pour dénoncer les tentatives de certains hôteliers de procéder à des licenciements massifs. Le Parlement a menacé les hôteliers de couper tout allègement de charges et toute incitation financière aux hôteliers qui procéderaient à des licenciements massifs. Les négociations tripartites engagées de mars à mai 2003 ont permis de trouver des solutions d’indemnisation pour les salariés/es concernés/es, notamment les saisonniers/ères. Globalement, l’emploi a été maintenu.
La 7e réunion du secteur HRCT Asie/Pacifique de l’UITA a adopté des conclusions dénonçant l’attentat survenu à Bali et se félicitant de la déclaration du gouverneur de Bali donnant la garantie qu’il ne serait procédé à aucun licenciement, notant cependant qu’aucune action concrète n’avait été prise, et soutenant les syndicats indonésiens dans leur effort de travail commun avec les responsables du tourisme pour relancer l’activité touristique à Bali. La conférence a toutefois noté avec préoccupation la campagne des hôteliers de Bali de réduire unilatéralement les heures de travail et les salaires sans négociation avec ni consultation préalable des syndicats. Elle a par ailleurs exprimé son soutien aux syndicalistes qui subissent une dure répression à l’hôtel Shangri-La de Djakarta et à l’hôtel Dusit Nikko de Manille.

Nouvelles technologies


Dans notre secteur comme dans les autres, les nouvelles technologies ont entre autres pour objectif d’améliorer la profitabilité des opérations en réduisant notamment les coûts de personnel. De ce point de vue, le secrétariat a noté l’apparition de deux nouveaux systèmes qui portent en germe une réduction drastique du personnel dans les activités concernées.
McDonald’s a annoncé en juillet 2003 le lancement dans une dizaine de restaurants du Colorado et de Caroline du Nord d’un système qui permettrait aux consommateurs de commander eux-mêmes leurs sélections et d’en prendre livraison sans l’intermédiaire d’un/e employé/e. Dans un deuxième temps, ce système permettrait également de payer directement et sans intermédiaire au moyen de cartes de paiement. Le système semble de nature à supprimer une grande partie des employés/es de comptoir.
L’affiliée australienne LHMU a dénoncé en juillet 2003 l’arrivée dans les clubs, casinos et pubs de Nouvelle Galles du Sud de machines à sous qui ne délivrent plus de jetons mais des reçus qui peuvent être transformés directement en cash par des distributeurs automatiques. Selon LHMU, l’arrivée de ce nouveau matériel pourrait entraîner la disparition de nombreux postes de caissiers et surveillants de machines.

Travail décent


Le concept de travail décent défendu par le BIT implique que les emplois assurent un revenu adéquat et permettent une vie sociale, garantissent la sécurité des familles, le respect des droits, l’intégration sociale. L’UITA et ses affiliées ont à de multiples reprises exposé qu’un nombre significatif d’emplois dans les hôtels et restaurants ne répondent que partiellement à ces exigences. Il est intéressant de noter que, au moins en paroles, « l’industrie touristique » commence à reconnaître cette réalité.
Le « Leadership Forum of Advisers », réunion d’une quarantaine de décideurs du tourisme à Thessalonique (Grèce) début novembre 2002 sous l’égide de l’OMT-WTO, a souligné la qualification insuffisante des salariés/es, le niveau insuffisant des salaires, le manque ou l’inadéquation des politiques de ressources huimaines, l’absence ou l’insuffisance de la formation professionnelle, toutes causes qui concourent au manque d’attractivité du secteur. Nicos Epistithiou a représenté l’UITA à cette réunion.
Un groupe de travail « défis stratégiques dans le domaine des ressources humaines pour l’industrie touristique » a été mis en place par l’OMT-WTO. Il réunit des experts de l’OMT-WTO, des représentants des employeurs dont l’IHRA, et le secrétaire du groupe professionnel HRCT de l’UITA. Deux réunions ont eu lieu le 12 septembre 2002 à Paris et le 16 janvier 2003 à Madrid. Les représentants des employeurs ont admis la nécessité d’assurer un meilleur équilibre entre vie au travail et en dehors du travail, une progression plus rapide aux nouveaux entrants dans le secteur à des postes supérieurs au salaire minimum, une plus grande mobilité géographique, une meilleure formation, etc. Ce groupe de travail est toutefois en sommeil depuis le début de l’année.
L’OMT a choisi pour thème de la journée mondiale du tourisme (27 septembre) « Le tourisme, élément moteur de la lutte contre la pauvreté, de la création d'emplois et de l'harmonie sociale “. Le secrétariat de l’UITA a proposé que les affiliées reprennent ces thèmes pour la journée syndicale et a appelé par circulaire (juillet) les organisations affiliées à contacter suffisamment à l'avance les autorités concernées de leur pays afin de pouvoir participer aux activités prévues le 27 septembre et de faire connaître le point de vue des syndicats.
Le BIT a pris conscience de la nécessité d’accorder à un secteur créateur net d’emplois une plus haute priorité. Un programme d’action 2004-2005 pour le tourisme est en cours de lancement après consultation des organisations internationales d’employeurs (IH&RA) et syndicales (UITA) concernées. Le document descriptif du programme d’action pointe cinq domaines potentiels de travail : la connaissance plus fine du secteur, notamment en matière d’emplois (nombre, nature des contrats, etc.), les normes internationales de l’OIT, les conditions de travail, les travailleurs/euses migrants/es, le dialogue social.
Un premier débat sur les actions concrètes qui pourraient être engagées par les trois parties constituant l’OIT aura pour cadre une réunion tripartite pour l’hôtellerie-restauration-tourisme dans la région Asie/Pacifique prévue du 15 au 17 septembre 2003 à Bangkok.
Le groupe de travail ressources humaines du World Travel and Tourism Council (WTTC), composé de dirigeants de groupes importants du tourisme (Preussag, Hilton International, American Express, etc.) a publié en mai 2002 le résultat d’une enquête auprès des directeurs des ressources humaines dans le secteur considéré. Là encore, les conclusions de l’étude montrent les difficultés et les coûts générés par la rotation du personnel. Le secteur est reconnu comme peu attractif du fait des bas salaires, des longues heures de travail, du stress, du manque de perspectives de carrière, etc.
L’UITA a accepté de coopérer avec l’organisation non gouvernementale Tourism Concern dans une étude des droits sociaux et syndicaux dans des destinations touristiques (Espagne/Canaries, Egypte, Mexique, République dominicaine, Thailande, Kenya). L’objectif de l’étude est, par des enquêtes et des interviews sur le terrain, d’identifier les principaux problèmes auxquels sont confrontés/es les salariés/es du tourisme et de lancer une campagne auprès des voyagistes (en particulier britanniques) en les utilisant comme moyens de pression sur les structures d’accueil.